Kilomètre Zéro

 

Un film de Hiner Saleem

 

Avec Nazmi Kirik, Eyam Ekrem, Belcim Bilgin…

 

 

Kilomètre zéro raconte l’histoire d’Ako, un kurde qui va être enrôlé dans l’armée irakienne en 1988 pour se battre contre l’Iran. Il souhaite fuir avant que cela n’arrive, mais sa femme ne veut pas abandonner son père mourant. Alors qu’il est au front, mission lui est donnée de ramener le corps d’un martyr dans sa famille, dans le Kurdistan. Commence alors un périple avec le chauffeur arabe du véhicule.

 

Ce film, présenté au dernier Festival de Cannes, est une plongée à la fois drôle et amère dans l’Irak de 1988, dans ce pays kurde qui n’existe pas, que le régime de Bagdad réprime dans le sang, avant de le réprimer dans les bombardements chimiques.

 

Kilomètre zéro aurait pu prétendre, dans le contexte géo-politique actuel, à un Prix, pour le message qu’il délivre.

 

Malheureusement le film manque d’une maîtrise technique, tant au niveau de la photographie, des lentilles que du cadre, et le jeu de certains comédiens est parfois un peu trop évident pour passer inaperçu.

 

Ako se bat pour sa survie, pour celle de sa famille et doit pour cela rejoindre sa terre natale avec le corps d’un homme, tombé au combat, devenu martyr alors qu’il ne croyait peut-être pas non plus à la raison de cette guerre.

 

Nazmi Kirik, Eyam Ekrem et la belle Belcim Bilgin sont trois très bons comédiens, les seconds rôles sont malheureusement trop caricaturaux, mal joués. Le point le plus intéressant du film est de comprendre la haine viscérale que se vouent kurdes et arabes, le temps d’une scène, Ako et son chauffeur s’arrêtent et sortent de la voiture pour parler des relations kurdo-arabes, les raisons pour lesquelles elles ne sont pas bonnes, mais seul le silence subsiste. Nul n’a de réponse qui est en fait en soi une forme de réponse, un écho douloureux à la situation israëlo-palestinienne. Les êtres éprouvent de la haine les uns envers les autres, sans pour autant savoir pourquoi.

 

Kilomètre zéro aurait pu s’intéresser plus à ce problème qu’à se faire l’écho du conflit actuel, qui, s’il permet de libérer le peuple kurde de l’oppression de l’ancien régime baasiste, n’est pas une guerre de peuples mais une guerre d’argent et de possession, néo-colonialiste.

 

Espérons toutefois revoir Hiner Saleem bientôt derrière la caméra.

 

Arnaud Meunier

15/09/2005